Celle qu'on appelait "La Grande Mademoiselle" lorsqu'elle connut la célébrité, a caché, autant que faire se peut, ses origines : un père marchand forain, l'abandon à l'orphelinant après la mort de sa mère. Comment avouer ces journées passées sur les marchés villageois entre les chaussettes, les tricots de corps et les caleçons ! Pétrie d'une rancoeur tenace, elle ne parla jamais non plus des années pourtant paisibles, vécues chez ses tantes à Courpière dans le Puy-de-Dôme.
Elle occulta encore davantage son adolescence passé à Moulins, y compris un été à Vichy. Il est vrai que là, son succès lui vient surtout de la fréquentation des officiers du Xè Chasseurs. C'est, du reste, un des leurs, le fortuné Etienne de Balsan, qui la tirera de la médiocrité. Comme il disait fort modestement : "Je lui ai mis le pied à l'étrier". Il l'installa dans son superbe domaine de Royallieu près de Compiègne, et c'est de là qu'elle prit son essor.
Néanmoins, son enfance et son adolescence en Auvergne et en Bourbonnais l'avaient profondément marquée et avaient dessiné sa personnalité. Ce sont des religieuses (celles de Moulins, après celle d'Aubazine) qui l'initièrent à la couture. C'est la tante Julia, de Varennes, qui lui apprit à faire des chapeaux ; et c'est en fabriquant des chapeaux qu'elle se fit d'abord connaître. C'est Moulins qui lui donna son surnom de "Coco". C'est Vichy qui lui dévoila le luxe, et c'est de l'Auvergne qu'elle hérita l'ardeur au travail et la rigueur, et cette simplicité qui définit un style indémodable qui perdure encore aujourd'hui.
L'auteur s'est attachée à montrer l'influence des années de jeunesse sur cette Coco Chanel - "le dernier des volcans d'Auvergne qui ne soit pas éteint" comme elle se plaisait à le dire d'elle-même - maintenant devenue un véritable mythe dans le monde entier.
